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hobo

Travailleur itinérant, jeté sur les routes par la révolution industrielle et le capitalisme sauvage de la fin du XIXe siècle, le hobo constituait une réserve de main-d’œuvre mobilisable n’importe où dans le pays, sur les grands chantiers, pour les moissons ou l’abattage du bois. Son moyen de transport privilégié — le voyage clandestin par train de marchandises — faisait du principal nœud ferroviaire des États-Unis, Chicago, la capitale des hoboes, dont l’intelligentsia se retrouvait au Bughouse Square ou au Hobo College, près de la « Hobohème », le quartier des sans-domicile situé autour du « marché aux esclaves », la West Madison Street. Travailleur généralement sans qualification mais touche-à-tout, souvent doté d’une conscience politique et d’un bagage culturel remarquables, le hobo était emblématique de l’IWW, qui recrutait et mobilisait sans mal dans ce milieu dont il faisait partie — au point d’être parfois considéré abusivement comme un syndicat de hoboes. La mécanisation systématique et la banalisation de l’automobile sont à l’origine de la disparition progressive du hobo dans les années 1920-1930, malgré l’explosion du nombre de sans-abri pendant la Dépression. London et Kerouac contribuèrent, parmi d’autres, à l’intégrer, idéalisé, dans la mythologie étasunienne.