Les admirateurs idolâtres ne sont pas les seuls fabricants de légendes sur Hill. Il suffit de prendre la peine de consulter la presse de Salt Lake City dans les années 1914-1915 pour constater qu’il avait beaucoup de détracteurs aussi haineux que bavards. Ces ennemis se firent moins nombreux, et moins bruyants, avec les années, mais les élucubrations qu’ils diffusèrent — Hill était « connu » de certains wobs comme étant un cambrioleur et un braqueur et donc coupable du meurtre de Morrison (Vernon Jensen, « The Legend of Joe Hill », Industrial & Labor Relations Review, avril 1951), « probablement coupable » (Wallace Stegner, op. cit.) ou pour le moins « jamais innocenté » (Melvyn Dubofsky, op. cit.) — ont malheureusement égaré trop de lecteurs.
Wallace Stegner, professeur d’université, romancier et journaliste, exposa dans un article en 1947 cette idée qu’il croyait neuve : « il pourrait être possible à qui le souhaite, écrivait-il, de ramener l’image de Joe Hill à celle d’un malandrin vagabond ». C’est évidemment ce que tous les journaux de l’Utah, Salt Lake Tribune, Deseret Evening News et autres racontaient déjà des décennies plus tôt et que Stegner ne fit que rabâcher dans son médiocre roman, The Preacher and the Slave, publié en 1950. Rééditée depuis sous d’autres titres — Joe Hill: the Man Who Chose Death et Joe Hill: a Biographical Novel —, cette diffamation répétée et entretenue des années durant reste, hélas, un des livres les plus influents et diffusés sur le poète et martyr IWW.
Téméraire bibliothécaire anarchiste, croyant sincèrement Stegner sérieux et honnête, Agnes Inglis avait exhumé pour lui des documents rares de la célèbre collection Labadie de l’université du Michigan. Bien avant la parution du roman, Inglis fut ulcérée par le portrait malsain que fit Stegner de Joe Hill dans son article du New Republic. « Jamais aucun chercheur ne m’a autant déçue, si on peut appeler un tel travail l’œuvre d’un “chercheur” », écrivit-elle à Fred Thompson.
Par une manœuvre habile, qui paraît avoir trompé beaucoup de lecteurs, Stegner se présenta comme un démystificateur — le courageux David affrontant le Goliath de la légende favorable à Joe Hill, qu’il appelait la légende de Hill. En vérité, à cette époque sombre de la guerre froide, il existait déjà deux légendes distinctes : 1) celle de saint Hill martyr, propagée par quelques radicaux du mouvement ouvrier, accompagnés d’une poignée de musiciens folk et autres « romantiques », et 2) celle du mauvais garçon, « position officielle » non seulement en Utah mais également dans l’opinion générale (conservatrice comme progressiste) à travers le pays. Dans ses efforts pour soutenir cette dernière version, Stegner ne faisait donc que prendre le train de l’idéologie dominante pour y charger ses propres calomnies.
Une large part de la stratégie de Stegner consiste à retourner la modestie et la timidité bien connues de Joe Hill, paisible et populaire poète IWW, en sinistres qualités d’un malfrat qui n’a confiance en personne, d’un calculateur froid et insensible : le « loup solitaire » typique. Révolté par cette caricature hystérique d’un Hill asocial, perfide et dissimulateur, son ami Alexander MacKay remit les pendules à l’heure :
Dire que Hill était un loup solitaire est complètement absurde : il croyait profondément au militantisme. La solidarité était le mot clé de sa pensée, de son travail et de sa vie. Il n’était individualiste ni en paroles ni en pratiques ; il était au contraire coopératif ; il ne voyageait ni ne vivait jamais seul et il était membre d’un syndicat actif.
[Critique du roman de Stegner, archives Green, Southern Folklife Collection, Université de Caroline du Nord]
Avec chaleur et admiration, le wobbly suédois Edward Mattson écrivait à propos de son ami en 1940, c’est-à-dire bien avant le début de la campagne de diffamation de Stegner :
En tant que musicien, c’était la meilleure rencontre qu’on pouvait espérer. L’approcher, c’était l’adopter. Il donna souvent ses derniers cents pour aider un compagnon dans le besoin.
[T. Nerman, op. cit., 1979, p. 36-37]
Stegner est également responsable de cette platitude insipide, et fort répandue, selon laquelle Hill aurait secrètement cherché le martyre et, par conséquent, construit lui-même son mythe. Et de faire dans son article du New Republic cette généralisation terrifiante : « Toute l’histoire du mouvement IWW montre que la première motivation des wobblies était de mourir, de faire des martyrs. » Son roman fait dire à Joe Hill : « Je veux mourir en martyr. » Et Stegner de commenter : « Ces mots avaient l’éclat d’une lumière et, pour les avoir dits, il savait qu’ils étaient vrais, et qu’ils avaient été vrais depuis le début. » Comme presque tout ce qu’a pu écrire Stegner sur Joe Hill, cette lassante faribole ne tient pas debout. Aux yeux d’Ester Dahl, c’est l’« amour de la vie » qui caractérisait son frère, et la vigueur passionnée, la force de caractère vitale sont assurément au fondement de ce que Sam Murray appelait « cet esprit exceptionnel qui permit à Joe Hill de tenir le coup dans la tourmente ».
L’affabulation de Stegner faisant de Hill un martyr volontaire et le créateur de son propre mythe devint un lieu commun cynique après avoir été une calomnie, puis une sorte de mythe. En définitive, il s’agit de nous convaincre que la personnalité bien connue de Hill, son honnêteté, sa modestie, sa générosité, son humour, son courage et même son évidente envie de vivre n’étaient rien d’autre qu’une posture égocentrique, creuse, destinée à impressionner la postérité. Pour Brazier, « Stegner cherchait à salir l’image de Joe Hill », peu importe comment.
Les historiens qui considèrent l’IWW avec hostilité ou condescendance se sont empressés de lui emboîter le pas, en allant parfois plus loin encore. Melvyn Dubofsky parle par exemple de Joe Hill dans son We Shall Be All comme d’un « acteur » qui « joua son rôle jusqu’au dernier moment », ajoutant que le véritable motif de ses lettres de prison était la valorisation de son « mythe de martyr ».
Stegner a toujours fièrement prétendu que son roman était étayé par une recherche minutieuse : il avait, après tout, interrogé des policiers, des matons, le fils cadet de Morrison, le shérif qui exécuta Joe Hill et un reporter de l’Associated Press ayant assisté à l’exécution ; il étudia de près les archives de la police et du tribunal, ainsi que les journaux de Salt Lake City. Il affirma surtout avoir eu des « informations de l’intérieur », par d’anciens IWW dont il refusa de révéler les noms. De fait, un de ces prétendus « informateurs » était membre de la chambre de commerce quand Stegner le rencontra et un autre admit avoir édité le journal de la fameuse « 4-L’s », la Loyal Legion of Loggers and Lumbermen, une milice syndicale anti-IWW soutenue par l’armée pendant la Première Guerre mondiale [Z. Modesto, « Joe Hill Biographer Needs More Material », Industrial Worker, 1963, p. 3].
La plupart des « informations de l’intérieur », ou supposées telles, de Stegner lui ont été fournies, en réalité, par un homme décrit comme « un ancien wobbly qui joua de la guitare dans le premier orchestre IWW de Jack Walsh ». Ce bavard persuada sans mal Stegner que Hill était « un citoyen peu recommandable [...] qui laissait parfois entendre avoir “fait un carton” » et qui s’apparentait à « une sorte de truand de Western ». Exactement le modèle repris par Stegner dans son roman.
Ces vieux wobblies que sont Fred Thompson et Dick Brazier comprirent vite que la « gorge profonde » de Stegner s’appelait Harry McClintok, dit « Haywire Mac » (Mac le Détraqué). Identification facile en réalité, l’ex-fellow worker McClintock étant, jusqu’à preuve du contraire, le seul individu prétendant avoir personnellement connu Hill qui ait exprimé ce genre d’opinion à son propos.
Dans sa biographie de Joe Hill, Gibbs Smith cite une lettre de Stewart Holbrook à Stegner datant de 1947. Holbrook était un auteur de livres historiques pour salons de coiffure, dont certains tournaient autour des IWW : Fred Thompson les appelait « des compilations négligentes d’erreurs commises par d’autres auxquelles il ajoutait les siennes ». Dans sa lettre, il informait Stegner que, « il y a des années », un wobbly anonyme lui avait rapporté que « tous les wobs informés savaient que Hill était un voleur, ils l’avaient promu martyr pour les besoins de la cause ». Ici aussi, comme le suggère Smith lui-même, le lecteur averti reconnaîtra la main lourde de « Haywire Mac ».
Qui était McClintock ? Travailleur migrant, guitariste de rue et songwriter, il était né à Knoxville, dans le Tennessee, vers 1882. Membre de l’IWW de 1909 à 1916, il fut délégué au VIIIe congrès du syndicat, organisé à Chicago en 1913, aux côtés de St. John, George Speed, Ben Fletcher, Joe Ettor et autres centralistes. Dans les milieux IWW, il est surtout connu pour son poème Hymn of Hate, une charge implacable contre le capital et l’État. Il enregistra de nombreuses chansons pour le label Victoria dans les années 1920-1930 et fut un comédien de radio connu, conteur et disc-jockey. Il publia en 1932 un recueil de chansons, les “Mac’s” Songs of the Road and Range. Il mourut en 1957.
Stegner semble avoir cru sincèrement que McClintock, à l’instar des autres wobs avec lesquels il était entré en communication, avait réellement connu Hill. John Greenway, dont l’antipathie pour Hill est au moins égale à celle de Stegner, alla jusqu’à prétendre que « aucun wobbly ne connaissait sans doute mieux Joe Hill que Harry McClintock ». Il ne donne aucune source à son affirmation, mais il y a gros à parier qu’elle n’est autre que McClintock lui-même.
En fait, il n’y a aucune preuve que McClintock ait été plus qu’une simple connaissance de Joe Hill, et, dans une lettre à Fred Thompson, en 1950, il reconnaissait ne savoir « presque rien » de lui. Dick Brazier doute même qu’il ait jamais connu J. H. Walsh parce que « personne ne l’appelait Jack, c’était toujours J. H. ou Walsh ».
Quoi qu’il en soit, « Mac le Détraqué » a contribué à ajouter plus de confusion que n’importe qui dans la biographie de Joe Hill. Quand il dit « je crois que [Joe Hill] était un escroc et qu’il a fait pas mal de coups », Stegner, révélant sa propre malhonnêteté, ignore le verbe « croire » et transforme une simple supposition en fait établi. Greenway, se faisant l’écho de tout ce que lui a dit McClintock, rapporte à ses lecteurs que Hill était « considéré comme un voleur, plutôt un genre de joueur. [...] Il avait la réputation d’être quelqu’un de dangereux, encore que, à la connaissance de McClintock, on ne l’ait jamais vu dans une bagarre ». Passant outre la prudence que devraient inspirer des termes aussi douteux que « considéré comme » ou « la réputation d’être », Greenway donne purement et simplement aux élucubrations de McClintock la valeur de vérités immaculées.
Seule l’observation « personne ne l’a jamais vu dans une bagarre » dans le « dossier » de « Haywire Mac » concorde avec les témoignages des proches et amis de Joe Hill. Les insinuations de McClintock amplifiées par Greenway mises à part, ces neuf petits mots recoupent l’image simple de Joe Hill qui prévaut chez les IWW : insouciant, pacifique et fondamentalement non-violent.
La crédibilité de McClintock en tant qu’informateur peut être jugée au fait qu’il prétendait être l’auteur de Alleluia, I’m a Bum et a même essayé d’en acquérir les droits en 1928. Des chercheurs un peu attentifs — dont Georges Millburn, Fred Thompson et Joyce Kornbluh, pour ne pas citer toute l’équipe du Work People’s College IWW de Duluth dans les années 1930 — ont montré que la chanson était apparue au moins dix ans avant que McClintock n’entre en scène [1]. Dick Brazier se souvient que le fellow worker George Speed lui avait dit que cette chanson était une des plus populaires de la marche de l’« armée » de Coxey sur Washington en 1894, alors que McClintock n’était encore qu’un enfant.
D’après Fred Thompson, McClintock était surtout un « brasseur de vent », un « égomaniaque » et « le genre de hobo qui, tant que vous lui servez à boire, vous racontera tout ce que vous voulez entendre ». L’opinion de Dick Brazier, fondée sur sa connaissance personnelle du personnage, n’est guère meilleure. Il se souvient de McClintock comme d’une « grande gueule », « baratineur » et « agressif », et conclut :
Je ne peux tout simplement pas croire que McClintock était un pote intime de Joe Hill, parce que, d’après ce que je sais du caractère de Joe Hill, que je tiens de personnes l’ayant réellement connu — comme Sam Scarlett et Meyer Friedkin —, Joe et McClintock étaient aux antipodes l’un de l’autre. Joe était un type tranquille, pas du tout porté à la vantardise et aux racontars qui caractérisaient McClintock.
[Lettre à Fred Thompson, 21 décembre 1966]
La petite biographie (80 pages) que Henry Young consacre à McClintock, largement fondée sur les propres Mémoires (inédits) de « Mac », sur des entretiens avec sa veuve et des « individus qui le connaissaient », comprend de nombreuses anecdotes sur ses connaissances et fellow workers, dont des musiciens, des cheminots, Jack London et les wobblies J. H. Walsh et Dick Brazier. Young s’y intéresse beaucoup à la musique et aux chansons, particulièrement aux chansons de hobo. Il consacre deux pages et de nombreux autres passages à l’IWW et aux chansons IWW. Il ne cite pas une seule fois le nom de Joe Hill. Ce qui laisse supposer que les propres Mémoires de McClintock ne font pas allusion à Joe Hill, que ni sa veuve, ni les « individus qui le connaissaient » n’ont rapporté quoi que ce soit de ce qu’a pu dire McClintock au sujet de Joe Hill. Si c’est effectivement le cas, la posture de McClintock en « expert » de Joe Hill pendant les années 1940 apparaît de plus en plus comme un canular. Il s’est malheureusement trouvé de crédules Stegner et Greenway pour gober ses fantaisies sans fondement et les diffuser auprès d’un large public.
D’après Young et d’autres, « Mac » était plutôt charmeur, spirituel et polyvalent, doté d’une facétie enfantine et d’un sens de l’humour excentrique. Il est bien dommage que son bagout ait contribué à alimenter les campagnes de calomnies de Stegner et Greenway.
Est-ce que des « wobs informés », avertis de la carrière de braqueur de Joe Hill, n’auraient pas tôt ou tard dit quelque chose à ce propos ? Il est absurde de croire que deux ou trois cents personnes au bas mot aient pu garder un tel secret pendant des années. En tout cas, des centaines de wobs plus informés que ne l’a jamais été McClintock furent unanimes à affirmer que Hill n’était pas un voleur, qu’il n’avait aucun fond criminel, qu’il n’avait rien à voir avec le meurtre de Morrison, que son engagement avec les IWW était absolu et qu’il n’aurait jamais rien fait qui fût susceptible de nuire à leur cause. Je pense à des fellow workers comme Ralph Chaplin, Vincent St. John, Bill Haywood, George Speed, Ben Fletcher, Richard Brazier, Joe Ettor ou Covington Hall, des hommes d’une impeccable intégrité révolutionnaire, véritables combattants rompus à la lutte ouvrière pour l’égalité et la liberté. Voilà sans aucun doute des « wobs informés ». Et chacun d’entre eux était convaincu — ils l’ont tous dit et répété, sans cesse et sans équivoque — que Hill était innocent, victime d’un coup monté, qu’il fut un syndicaliste loyal pris dans les rets d’une injustice de classe impitoyable. Qui peut sérieusement croire que de telles personnalités auraient perdu autant de temps et d’énergie — sans parler des fonds limités du syndicat — à défendre un petit escroc égoïste et un assassin qui souillerait à jamais le nom des Industrial Workers of the World ?
Jusque dans les années 1940 et 1950, ces vieux wobblies qu’étaient William Chance, Meyer Friedkin, Sam Murray, Alexander MacKay et Louis Moreau — qui ont tous personnellement connu Joe Hill — se sont mobilisés pour défendre l’innocence de leur vieil ami. Comme bien d’autres qui ne le fréquentèrent pas, mais qu’on peut tenir pour des « wobs informés », Covington Hall, Herb Edwards, C. E. « Stumpy » Payne, Matilda Robbins, Paul Sika. Et d’autres encore, qui avaient quitté l’IWW depuis longtemps, mais qui furent sans aucun doute des « wobs informés » pendant les années 1910, tels Charles Ashleigh, James P. Cannon, Vincent R. Dunn, Carl Skoglund, Sam Scarlett, Elizabeth Gurley Flynn : tous ont admis comme une évidence que Joe Hill avait été l’innocente victime d’un coup monté capitaliste de la guerre des classes.
Au cours de ses recherches pour son livre Wobblies (1968), l’historien anglais Patrick Renshaw a interrogé nombre de vieux wobblies, dont certains étaient déjà actifs dans les années 1910. Quand il aborde Joe Hill, une note de bas de page reconnaît qu’il n’a « trouvé aucun vieux wob qui ait cru en la culpabilité de Hill ». Gibbs Smith fit la même remarque à propos des IWW qu’il interrogea pour sa biographie de Joe Hill en 1969.
Bien qu’ils n’aient pas été nombreux, l’IWW a aussi eu ses transfuges, désertant le syndicat pour les confortables émoluments de l’establishment : Harold Lord Varney, auteur entre 1919 et 1920 d’une histoire de l’IWW pour le One Big Union Monthly, en est un, qui a peut-être joui plus que les autres d’une grande publicité dans la presse capitaliste [2]. Orateur et rédacteur important du syndicat au cours des années 1910, et alors indubitablement « wob informé », Varney aurait été trop heureux de révéler dans sa dernière période fascisante des détails sordides sur le plus célèbre des martyrs IWW. Il écrivait toujours pour la John Birch Society dans les années 1960, mais il semble bien qu’il n’ait jamais rien dit au sujet de Joe Hill.
Les exemples de Stegner, Greenway et Dubofsky suffisent à montrer que les détracteurs de Joe Hill ont également leurs non-dits méthodologiques : une propension évidente à croire au pire, qui les dispense en outre de toute vérification. Avec pour résultat de transformer des ragots en prémisses et en preuves de leurs propres interprétations. Il faut cependant constater que, dans toutes leurs constructions malsaines, Stegner et consorts n’ajoutent rien à ce que disaient déjà les colonnes haineuses du Deseret Evening News.
Maintenir, sans l’ombre d’une preuve, que Joe Hill n’était qu’un assassin et un « malandrin vagabond » est sans doute plus malsain, nuisible et répugnant que la vénération naïve d’un saint ou d’un superhéros. Cependant, ces deux extrêmes éloignent également de la vérité, tout en soulignant la minceur de ce que nous savons de la vie de Joe Hill. Mais tout ce que nous en savons de source sûre — qu’il fut un immigré d’origine suédoise, hobo, IWW, musicien et compositeur, auteur de chansons et de quelques articles, dessinateur, victime d’un coup monté et martyr — est assez solide pour résister aux efforts des calomniateurs et des faiseurs de mythe en vue de le détruire ou de l’embellir.
J’ai toujours aimé cette devise d’André Breton : « Pour un révolutionnaire, le premier devoir est de préférer la vie à la légende. »