Nouvelle édition disponible
Franklin Rosemont, Éditions CNT-RP, 2008
William Dudley « Big Bill » Haywood est né le 4 février 1869 à Salt Lake City dans l’Utah. Contraint de travailler à partir de neuf ans, mineur de fond dans le Nevada à 15 ans, puis cow-boy dans les grandes plaines de l’Ouest, il doit retourner à la mine en 1896, à Silver City, dans l’Idaho, où il entame sa carrière de syndicaliste à la section locale de la Western Federation of Miners (WFM), dont il devient rapidement l’un des leaders. Mais son expérience personnelle et syndicale l’incite à militer activement en faveur d’« un seul grand syndicat », qui verra le jour en 1905 : l’IWW. Les autorités ne lâcheront plus ce formidable orateur et organisateur. Emprisonné une première fois en 1906, il sera condamné lors du grand procès de Chicago en 1918 à vingt ans de prison. En 1921, voyant la révision de son procès rejetée, il profite de la liberté sous caution accordée pendant l’examen de son appel pour s’enfuir en Union soviétique, où il meurt en 1928, « parmi des marxistes dont pas un ne se souciait de le comprendre et que lui-même ne comprenait guère » (Victor Serge).
Quelques dates : 1905 1906 1908 1910 1912 1918 1921
Chapitres associés : [1] [2] [3] [4] [5] [6] [7] [8] [9] [10] [11] [12] [13] [14] [15] [16] [17] [18] [19] [20] [21] [22] [23] [24] [25] [26] [27] [28] [29] [30]
Retour au menu de l'indexLes mineurs de cuivre de Bisbee (Arizona), dont beaucoup de wobblies, votent en juin 1917 une grève de soutien aux mineurs de Butte (Montana). Fraîchement engagé dans la première guerre mondiale, le gouvernement fédéral organise avec les autorités de l’État une opération destinée à anéantir le mouvement : le 12 juillet au matin, 2 000 miliciens raflent 1 167 mineurs pour les déporter dans le désert du Nouveau-Mexique, où ils sont internés sous la garde de l’armée. Trois hommes perdent la vie dans cette rafle qui officialise et encourage tous les débordements de violence contre le mouvement ouvrier au nom du « patriotisme ».
Quelques dates : 1917
Chapitres associés : [1]
Retour au menu de l'indexCarrefour de « l’Asile psychiatrique » (littéralement « maison des punaises »), surnom argotique d’usage courant pour désigner le parc de Washington Square, au centre-ville de Chicago, devenu depuis les années 1910 un haut lieu du soapboxing, une sorte de Speaker’s Corner étasunien, où l’intelligentsia de la Hobohème — travailleurs itinérants (hobos), vagabonds (tramps) ou clochards (bums) — venait prendre la parole aux côtés de prédicateurs, de poètes et de révolutionnaires.
Chapitres associés : [1] [2] [3] [4] [5] [6] [7] [8] [9] [10] [11]
Retour au menu de l'indexLes IWW montèrent une section syndicale à Centralia en 1917, après une première tentative avortée, pour s’implanter au centre de l’État de Washington et y organiser les travailleurs de l’industrie du bois. Soutenue par les propriétaires et dans un climat de frénésie patriotique, l’American Legion, une association d’anciens combattants, profita l’année suivante du défilé de commémoration de l’armistice pour saccager le local. Les wobblies investirent un nouveau lieu. Le 11 novembre 1919, décidée à en finir, la même Legion prit d’assaut le local, défendu cette fois par des wobblies en armes ; on comptera quatre morts chez les miliciens et le délire monta d’un cran. Des dizaines de wobs, ou supposés tels — et sans rapport avec la fusillade pour la plupart — sont immédiatement emprisonnés ; Wesley Everest est lynché dans la nuit en représailles ; deux bandes armées s’affrontent, chacune prenant l’autre pour des IWW : un mort. Un procès punitif bâclé enverra quelques wobs innocents en prison, tous réhabilités par la suite.
Quelques dates : 1919
Chapitres associés : [1] [2] [3] [4] [5] [6] [7]
Retour au menu de l'indexNé en 1854, ancien ouvrier devenu petit patron imprégné d’idées socialistes, Jacob Coxey milite d’abord dans les années 1870-80 avec le Greenback Party pour la réforme monétaire du « billet vert », favorable aux milieux modestes, puis rallie le Parti populiste au nom duquel il briguera le poste de gouverneur de l’Ohio. Pendant la crise économique des années 1890, inaugurant une tradition, il organise une marche sur Washington à la tête de milliers de chômeurs pour réclamer des emplois publics (armée de Coxey). Il défendra ensuite son engagement politique en Ohio sous différentes étiquettes, sans jamais obtenir aucun mandat sinon celui de maire de Massillon entre 1931 et 1933. Il meurt en 1951.
Quelques dates : 1894
Chapitres associés : [1] [2] [3]
Retour au menu de l'indexOriginaire de Terre-Haute, dans l’Indiana, fils de petits commerçants, Eugene V. Debs, d’abord syndicaliste modéré, reçoit « le baptême socialiste dans la rigueur de la lutte » lors de la grève Pullman, en 1894, dont il fut l’un des principaux responsables, à la tête de l’American Railway Union. Debs tient une place à part dans les cœurs de la gauche étasunienne, bien au-delà du Socialist Party of America, au nom duquel il fut cinq fois candidat à la présidentielle. Son engagement inébranlable et intransigeant en faveur du mouvement ouvrier, l’incitant à respecter toutes les formes de résistance, résonne toujours dans ses discours passionnés. Un de ces derniers discours lui valut d’être condamné en 1918 à dix ans de prison au nom de l’Espionage Act (loi sur l’espionnage), et c’est de sa cellule qu’il fit campagne pour l’élection présidentielle de 1920, où il recueillit près d’un million de voix. Il mourut en 1926, à l’âge de 71 ans.
Quelques dates : 1893 1901 1905 1912
Chapitres associés : [1] [2] [3] [4] [5] [6] [7] [8] [9]
Retour au menu de l'indexDaniel DeLeon, né aux Antilles en 1852, fit ses études aux Pays-Bas et en Allemagne avant d’émigrer aux États-Unis en 1874 et devenir professeur à la Columbia University de New York. Il quitte définitivement l’université en 1890 pour se consacrer à la politique. Théoricien brillant, il se situait dans la lignée des révolutionnaires socialistes immigrés d’Europe. Ses attaques cinglantes contre le syndicalisme corporatif et sa conception d’un socialisme fondé sur les conseils ouvriers, qui lui valut la reconnaissance de Lénine, firent beaucoup pour la clarification théorique du socialisme aux États-Unis. Méprisant et même hostile à l’égard de la base, tendant à subordonner toute activité syndicale au Socialist Labor Party — voire à sa propre personne —, imposant son marxisme doctrinaire et autoritaire, DeLeon provoqua une crise au sein des IWW en 1908. Contraint de les quitter, il prit la tête d’une section dissidente du syndicat à Detroit, qui ne survécut pas à sa mort en 1914.
Quelques dates : 1890 1908 1915 1920
Chapitres associés : [1] [2] [3] [4]
Retour au menu de l'indexEdward Bellamy(1850-1897), juriste, journaliste, romancier et essayiste, est l’auteur de Looking Backward, publié en 1888, roman d’utopie qui dépassa vite le million d’exemplaires vendus. Décrivant la structure et le fonctionnement d’une société socialiste par l’entremise d’un homme qui s’était endormi en 1887 et se réveille en l’an 2000, le roman suscita nombre de vocations et d’expériences communautaires, et influença la perception populaire étasunienne du socialisme. Il serait suivi en 1897 par Equality, qui intégrait les critiques faites au rôle réservé aux femmes et à l’autoritarisme de la société de Looking Backward, tout en élargissant la perspective aux problèmes environnementaux.
Chapitres associés : [1] [2] [3] [4]
Retour au menu de l'indexNé à Brooklyn (New York), en 1885, Joseph (ou Joe) Ettor exerca différents petits métiers avant de rejoindre l’IWW en 1906. Il s’illustra dans l’organisation de nombreuses grèves et intégra le Comité exécutif général du syndicat. Figure importante de la grève de Lawrence en 1912, il se fit arrêter avec Arturo Giovannitti et Joseph Caruso pour l’assassinat d’une gréviste, Anna LoPizzo, tuée en réalité par un policier qui ne sera jamais inquiété. Tous trois furent acquittés au procès qui se tint plusieurs mois après la victoire éclatante de la grève. Joseph Ettor est assez représentatif de l’organisateur IWW de l’époque : multilingue (il parlait couramment l’anglais, l’italien et le polonais, comprenait le hongrois et le yiddish), excellent orateur, jeune, très mobile. Le syndicat lui doit aussi la brochure Industrial Unionism: The Road To Freedom et quelques articles importants. Ettor quitta cependant les IWW en 1916, suite à un désaccord sur la conduite de la grève de Mesabi Range, dans le Minnesota, et retourna au travail, s’occupant vers la fin de sa vie d’un verger à San Clemente, en Californie, où il mourut en 1948.
Chapitres associés : [1] [2] [3] [4] [5] [6] [7] [8] [9]
Retour au menu de l'indexWesley Everest, vétéran de la première guerre mondiale, était dans le local IWW de Centralia pendant l’assaut de l’American Legion. Après avoir vidé le chargeur de son arme sur les assaillants, il s’enfuit vers la rivière, qu’il ne put traverser, et affronta ses poursuivants à mains nues avant d’être maîtrisé. On le tira de sa cellule la nuit venue ; il fut émasculé avant d’être pendu.
Quelques dates : 1919
Chapitres associés : [1] [2] [3] [4] [5]
Retour au menu de l'indexLe 5 novembre 1916, deux ferry-boat, le Verona et le Calista, approchent d’Everett (Washington) avec à leur bord environ 300 membres IWW, venus de Seattle soutenir la lutte pour la liberté d’expression dans cette ville de tradition ouvrière corporative. Mais, après avoir brutalement réprimé le mouvement quelques jours auparavant, le shérif McRae attend les bateaux avec 200 miliciens armés. Alors qu’accoste le Verona, le navire le plus chargé, un coup de feu lance la fusillade. Une panique s’ensuit, qui manque de faire chavirer le bateau. Des passagers tombent à l’eau, cinq IWW et deux miliciens (dont l’un par son propre camp) meurent par balle, au moins dix autres wobblies sont portés disparus, une quarantaine de personnes sont blessées.
Quelques dates : 1916
Chapitres associés : [1] [2] [3] [4]
Retour au menu de l'indexFrank Little, qui se disait « moitié blanc, moitié indien, 100% IWW », adhère au syndicat en 1906, participe aux grandes campagnes pour la liberté d’expression (à Missoula, Fresno, Spokane...), se distingue par son efficacité dans les luttes et devient membre du Comité exécutif général en 1916. Au mois de juin 1917, ce farouche opposant à la guerre contribue à l’organisation de la grève des mineurs de cuivre dans la région de Butte (Montana). Mais l’engagement récent des États-Unis dans le conflit mondial décuple la violence patronale contre le mouvement ouvrier, couverte et encouragée par les autorités et les médias au nom du devoir patriotique. Dans la nuit du 31 juillet au 1er août, six hommes cagoulés enlèvent Frank Little à son hôtel, le traînent derrière une voiture sur des kilomètres à l’écart de la ville, le torturent et le pendent à un chevalet de chemin de fer, une lettre de menaces sur la poitrine. Aucune enquête sérieuse ne fut jamais menée pour retrouver ses meurtriers.
Chapitres associés : [1] [2] [3] [4] [5] [6] [7] [8] [9] [10]
Retour au menu de l'indexNé en 1850 dans la pauvreté à Londres, de parents hollandais, Samuel Gompers émigre aux États-Unis avec sa famille en 1863. Apprenti cordonnier, il se fait finalement cigarier. Elu représentant syndical de la corporation à New York, il prend plus tard la tête d’une confédération corporatiste nationale, futur syndicat dominant aux États-Unis et au Canada : l’American Federation of Labor, qu’il dirigera quasiment sans interruption jusqu’à sa mort en 1924. S’intéressant exclusivement aux travailleurs qualifiés, divisant la classe ouvrière en prés carrés aristocratiques et « juridictions » concurrentes dans un cadre bureaucratique inerte, le « gompérisme » produira un syndicalisme réactionnaire, corrompu et mafieux convenant parfaitement à l’État et au patronat étasuniens.
Chapitres associés : [1] [2] [3] [4] [5] [6]
Retour au menu de l'indexNée le 7 août 1890 à Concord, dans le New Hampshire, Elizabeth Gurley Flynn rejoint l’IWW à 16 ans et devient l’une de ses organisatrices les plus actives, notamment à Lawrence. Oratrice remarquable, elle contribue également à remplir les prisons de Spokane et Missoula pour « usage abusif de la liberté d’expression ». Elle serait la Rebel Girl de la chanson de Joe Hill. Co-fondatrice de l’American Civil Liberties Union (ACLU), pour la défense des prisonniers politiques après la Première Guerre mondiale, elle s’implique également dans l’affaire Sacco et Vanzetti. Après une éclipse due à de longs problèmes de santé, elle rejoint le Parti Communiste en 1936, ce qui lui vaut d’être exclue de l’ACLU, puis de se retrouver de nouveau en prison en 1955 pendant la chasse aux sorcières pour « activité subversive ». Elle meurt en 1964 à Moscou.
Chapitres associés : [1] [2] [3] [4] [5] [6] [7] [8] [9] [10] [11] [12] [13] [14] [15] [16] [17] [18] [19] [20] [21] [22]
Retour au menu de l'indexLe 4 mai 1886 au soir, alors qu’un rassemblement se disperse dans le calme sur la place du Haymarket à Chicago, une bombe explose au milieu des policiers. C’est l’occasion pour les autorités de se débarrasser de certains leaders du mouvement ouvrier consécutif aux premières manifestations nationales du 1er mai pour la journée de huit heures. Après un procès expéditif et truqué, les anarchistes Albert Parsons, August Spies, Adolph Fischer et George Engel sont pendus, Louis Lingg est retrouvé mort dans sa cellule, Samuel Fielden et Michael Schwab écopent de la perpétuité, Oscar Neebe de 15 ans de prison. Tous réhabilités en 1893, les prisonniers sont libérés. Soulevant l’indignation internationale, les événements du Haymarket sont à l’origine de la fête du travail le 1er mai.
Quelques dates : 1883 1886 1905
Chapitres associés : [1] [2] [3] [4] [5] [6] [7] [8] [9] [10]
Retour au menu de l'indexTravailleur itinérant, jeté sur les routes par la révolution industrielle et le capitalisme sauvage de la fin du XIXe siècle, le hobo constituait une réserve de main-d’œuvre mobilisable n’importe où dans le pays, sur les grands chantiers, pour les moissons ou l’abattage du bois. Son moyen de transport privilégié — le voyage clandestin par train de marchandises — faisait du principal nœud ferroviaire des États-Unis, Chicago, la capitale des hoboes, dont l’intelligentsia se retrouvait au Bughouse Square ou au Hobo College, près de la « Hobohème », le quartier des sans-domicile situé autour du « marché aux esclaves », la West Madison Street. Travailleur généralement sans qualification mais touche-à-tout, souvent doté d’une conscience politique et d’un bagage culturel remarquables, le hobo était emblématique de l’IWW, qui recrutait et mobilisait sans mal dans ce milieu dont il faisait partie — au point d’être parfois considéré abusivement comme un syndicat de hoboes. La mécanisation systématique et la banalisation de l’automobile sont à l’origine de la disparition progressive du hobo dans les années 1920-1930, malgré l’explosion du nombre de sans-abri pendant la Dépression. London et Kerouac contribuèrent, parmi d’autres, à l’intégrer, idéalisé, dans la mythologie étasunienne.
Chapitres associés : [1] [2] [3] [4] [5] [6] [7] [8] [9] [10] [11] [12] [13] [14] [15] [16] [17] [18] [19] [20] [21] [22] [23] [24] [25] [26] [27] [28]
Retour au menu de l'indexForum d’éducation destiné aux travailleurs itinérants (hobos), dépendant de l’International Brotherhood Welfare Association, l’Association fraternelle internationale de protection sociale (IBWA) soutenue par le « millionnaire hobo » James Eads How qui lui consacra sa fortune. Le Hobo College de Chicago était sans doute le plus important du pays ; il reste associé au nom de Ben Reitman, le « roi des hobos ».
Chapitres associés : [1] [2] [3]
Retour au menu de l'indexConfrérie secrète d’inspiration maçonnique, qui entendra organiser tous les travailleurs, sans distinction de métier, de race ou de sexe, les Knights of Labor (Chevaliers du travail) profiteront d’abord de la disparition du National Labor Union (NLU), puis du besoin de solidarité né de la crise de 1873. Ils joueront un rôle dans les grèves de 1877 et décideront en 1881 d’œuvrer au grand jour, tout en perpétuant leurs rituels. Contribuant indéniablement à la conscience de classe et à la solidarité dans le mouvement ouvrier étasunien, ils dépasseront les 700 000 membres en 1886. Cependant, progressivement écartelés entre la radicalisation socialiste et l’attirance exercée par l’AFL sur différents métiers, mais incapables de trancher entre syndicalisme industriel et syndicalisme corporatif, souvent débordés par leur base mais répugnant à recourir à la grève et dénonçant l’action directe, les Knights of Labor disparaîtront au tournant du siècle.
Quelques dates : 1869 1881 1886 1894
Retour au menu de l'indexEn janvier 1912, les ouvriers des usines textiles de cette ville du Massachusetts, dans une misère noire, arrêtent le travail après une réduction de salaire : la fameuse grève « Bread and Roses » (« pour du pain et des roses ») est lancée. Composé essentiellement d’immigrées et d’ouvrières non qualifiées, donc non affiliées à l’AFL, le mouvement se tourne vers les IWW, minoritaires mais bien implantés. Pour parer aux coups du pouvoir — agressions, provocations, intimidations, blocus, coups-montés, arrestations abusives... — l’organisation adapte des tactiques importées d’Europe ou innove : hébergement des enfants dans des foyers ouvriers hors de la ville, piquets de grève massifs cernant les usines jour et nuit pour interdire l’accès aux jaunes, manifestations éclatées échappant aux interventions policières. Solidarité ouvrière sans faille et stratégie de contournement de la violence par la résistance passive se soldent par un succès spectaculaire : toutes les revendications sont acceptées après 3 mois de lutte et profitent à l’ensemble du secteur. Joseph Ettor et Arturo Giovanitti, organisateurs victimes d’un coup monté au début de la grève, sont innocentés et libérés quelques mois plus tard.
Quelques dates : 1912
Chapitres associés : [1] [2] [3] [4] [5] [6] [7] [8] [9] [10] [11] [12] [13]
Retour au menu de l'indexPratique d’injustice expéditive banalisée par le far-west légendaire et plus ou moins légalisée — en tout cas légitimée —, le lynchage s’est tourné de préférence contre les Noirs dans les États du sud immédiatement après la Guerre de sécession, et contre l’immigration asiatique, surtout chinoise, à partir des années 1880 sur la côte ouest. D’après les statistiques établies par le Tuskegee Institute, au moins 1 297 Blancs et 3 346 Noirs furent lynchés entre 1882 et 1968. Un à deux hommes, femmes ou enfants noirs étaient ainsi assassinés en moyenne par semaine entre 1882 et 1920, à l’occasion de véritables fêtes communautaires réunissant des familles entières, d’où étaient tirées photos et cartes postales circulant dans tout le pays. Les Noirs étaient le plus souvent coupables de crimes fantasmés et d’« offenses », et la connotation raciste stigmatisait parfois le protestataire et/ou antiraciste qui perdait alors le privilège d’être « traité comme un Blanc ».
Quelques dates : 1890 1917 1919
Chapitres associés : [1] [2] [3] [4] [5]
Retour au menu de l'indexOriginaire de Belleville dans l’Illinois, rapidement orpheline, Mary Tobias doit travailler dès son adolescence pour subvenir aux besoins de sa fratrie, puis se forme seule à la sténographie quelques années plus tard. Licenciée en 1896 pour avoir porté un badge de William Jennings Bryan, alors soutenu par le Parti populiste, elle se fait remarquer par Clarence Darrow, qui lui offre un travail à l’université de Chicago — ce qui lui permettra de suivre, entre autres, les cours de John Dewey. Après son mariage avec Leslie Marcy, elle déménage à Kansas City, où elle travaille dans une usine d’emballage, et adhère au Parti socialiste en 1903. Elle deviendra l’une des plus brillantes intellectuelles du socialisme étasunien du début du siècle. Méfiante à l’égard de toute direction politique, assurée, suivant le credo de Marx, que la classe ouvrière ne peut s’émanciper que par elle-même, elle s’opposera à l’aile réformiste du Parti socialiste et s’attachera surtout à diffuser et discuter ses idées et son savoir encyclopédique par tous les moyens : la presse, via l’International Socialist Review (dont elle sera la directrice), l’édition (avec, en particulier, son Shop Talks on Economics), ou la simple correspondance avec d’innombrables travailleurs. Son socialisme quelque peu libertaire la rapprocha très tôt de l’IWW, qu’elle rejoignit finalement en 1919, après son départ du Parti socialiste. Désillusionnée dans sa foi en l’imminence de la révolution, accablée par les problèmes d’argent et de santé, elle se suicide en 1922, à quarante-cinq ans.
Chapitres associés : [1] [2] [3] [4] [5] [6] [7] [8] [9]
Retour au menu de l'indexLa campagne pour la liberté de parole dans cette ville du Montana en 1909 n’était pas la première pour l’IWW, mais elle se distingua par son ampleur et la popularité qu’elle conféra à l’organisation. Pour empêcher l’IWW fraîchement implantée de recruter, un décret municipal interdit toute manifestation et tout discours publics. Comme à Toronto au Canada en 1906 et à Seattle dans l’État de Washington en 1907, les wobblies remplirent donc consciencieusement les prisons jusqu’à saturation — subissant au passage coups et vexations. De toutes les régions affluèrent des adhérents, hobos pour la plupart, qui se succédaient sur la soapbox pour être immédiatement incarcérés, dans des conditions de plus en plus pénibles. Bientôt quelques intellectuels et autres simples citoyens non militants se joignirent au mouvement pour dénoncer cette atteinte flagrante au droit d’expression. Les coûts liés aux emprisonnements et leur impopularité croissante contraignirent les autorités à retirer le décret.
Née en 1837 à Cork en Irlande (elle affirmait être née le 1er mai 1830), Mary Harris Jones, la « grand-mère de tous les activistes » étasuniens se consacre définitivement au mouvement ouvrier dans les années 1870, après avoir perdu mari et enfants dans une épidémie de fièvre jaune, puis son atelier de couture dans le grand incendie de Chicago en 1871. Elle s’impliquera jusqu’à sa mort dans des centaines de grèves à travers tout le pays pour défendre mineurs, ouvriers du textile ou cheminots. D’abord proche des Chevaliers du travail, elle s’engagera essentiellement aux côtés du syndicat des mineurs, tout en apportant son soutien à la création du Social Democratic Party en 1898, comme à celle de l’IWW en 1905, ou en écrivant pour l’International Socialist Review. Cet engagement volcanique tous azimut lui vaudra d’entrer dans la légende. Condamnée en 1913 à 20 ans de prison, sa popularité obligera le gouverneur de Virginie-Occidentale à commuer la peine. Elle meurt l’année de son centenaire à 93 ans, laissant une autobiographie foisonnante et des descendants toujours aussi virulents.
Quelques dates : 1905
Chapitres associés : [1] [2] [3] [4] [5]
Retour au menu de l'indexAprès deux échecs l’année précédente, sous la direction indécise de DeLeon, une nouvelle grève se déclenche en janvier 1913 dans ces filatures du New Jersey près de New-York, cette fois sous la houlette, entre autres, de Haywood, Lessig et Tresca. Les autorités et la presse patronale réagirent avec d’autant plus de violence qu’elles entendaient enrayer la dynamique lancée à Lawrence. Mieux organisé et s’appuyant sur la production d’autres sites, le patronat, en plus des manoeuvres et coups-bas traditionnels, parvint à faire pourrir le mouvement. Pour tenter de rallier l’opinion publique, les ouvriers montèrent en juin une représentation de la grève au Madison Square Garden de New York, avec l’aide de quelques artistes et intellectuels (dont John Reed). Cette nouvelle innovation, controversée dans le mouvement, ne parvint pas à inverser le rapport de forces et la grève échoua en août.
Quelques dates : 1913
Chapitres associés : [1] [2] [3] [4] [5]
Retour au menu de l'index« Baril de lessive », ou autre tribune improvisée sur laquelle se succédaient les wobblies pour prendre la parole dans les rues — d’où « soapboxing » (« soapboxer ») et « soapboxer » (« soapboxeur ») — notamment pendant les campagnes pour défendre la liberté d’expression.
Chapitres associés : [1] [2] [3] [4] [5] [6] [7] [8] [9] [10] [11] [12] [13] [14] [15] [16] [17] [18] [19] [20] [21] [22] [23] [24]
Retour au menu de l'indexImplantés depuis 1908 dans ce centre industriel et commercial névralgique au nord-ouest des Rocheuses, les IWW allaient y conduire une de leurs campagnes les plus longues et les plus dures pour la liberté d’expression. De janvier 1909 à mars 1910, outre la fermeture arbitraire de l’Industrial Worker, édité à Spokane, des centaines de wobblies seront arrêtés, parfois torturés — trois prisonniers mourront dans des conditions de détention qui empiraient avec l’acharnement des autorités. La violence de la répression, loin d’intimider le mouvement, aviva la solidarité ouvrière dans cette région soumise aux « employeurs requins » (« jobs sharks ») et aux agences de recrutement privées, particulièrement visées par l’IWW. Les hobos, nombreux ici et véritable vivier du syndicat, affluèrent à leur tour pour remplir les prisons. Certains prisonniers à peine relâchés remontaient sur la soapbox et se faisaient de nouveau arrêtés. Les autorités renonçèrent finalement début mars 1910. Juste après Missoula, cette campagne faisait la preuve de l’efficacité du syndicat et assura sa popularité, ouvrant une série de nouveaux succès dans l’Ouest.
Chapitres associés : [1] [2] [3] [4] [5] [6]
Retour au menu de l'indexAprès avoir suivi ses parents parcourant le pays d’un boulot à l’autre, Vincent St. John travaille dans les mines et devient en 1900, à vingt-quatre ans, président de la section locale de la Western Federation of Miners (WFM) à Telluride, dans le Colorado. La grève victorieuse de 1901, établissant un salaire minimum pour tous les mineurs, le place dans le collimateur des propriétaires miniers, qui useront dès lors et sans répit de tous les moyens pour l’éliminer, des coups montés judiciaires les plus grotesques à l’attentat physique. St. John participe en 1905 à la création de l’IWW, dont il sera le secrétaire général de 1908 à 1914, et se distingue comme l’un de ses organisateurs les plus appréciés et l’auteur de brochures parmi les plus populaires du syndicat. En 1908, il perd l’usage de sa main droite, atteinte de deux balles tirées par un membre de la WFM au comble des divisions attisées par l’AFL et le patronat local pendant le mouvement de Goldfield, au Nevada. Malgré son engagement et sa réputation, St. John se retire du syndicat en 1915 pour tenter sa chance dans une petite concession minière au Nouveau-Mexique. Il est pourtant arrêté en 1917 au même titre que les principaux organisateurs IWW et condamné en 1918 à vingt ans de prison. Libéré par amnistie en 1923, sans un sou et malade (il est ruiné par le règlement de son amende et contracta la tuberculose en prison), il meurt en 1929.
Quelques dates : 1906 1908 1918
Chapitres associés : [1] [2] [3] [4] [5] [6] [7] [8] [9]
Retour au menu de l'indexWilliam Ernst Trautmann est né en 1869 en Nouvelle-Zélande, de parents germano-étasunien. Après avoir suivi un apprentissage en Allemagne, il se fait brasseur en Pologne, puis émigre aux États-Unis en 1890. Comptant parmi les principaux initiateurs de l’IWW, il en fut le premier trésorier-secrétaire général. Désigné Organisateur général en 1908, il mène la grève de McKees Rocks en 1909, puis participe à la grève de Lawrence en 1912 avant de prendre ses distances avec le syndicat, rejoignant l’IWW dissident deléonien de Detroit en 1913, bien qu’il fût du côté des antiautoritaires pendant la scission de 1908. Il est l’auteur de nombreuses brochures fondamentales du syndicat, comme One Big Union ou Why Strikes are Lost. How to Win!
Quelques dates : 1904
Chapitres associés : [1]
Retour au menu de l'indexNé dans le Massachusetts en 1881, Foster est contraint de travailler à partir de 10 ans et parcourt le pays d’un petit boulot à l’autre. Il adhère au Socialist Party of America (SPA) l’année de sa création, puis à l’IWW en 1909 à Spokane. Participant activement à de nombreuses luttes importantes du syndicat, il en devient l’un des responsables les plus en vue. Mais ses préférences pour l’action politique et le succès du SPA le conduisent à pousser les IWW vers l’AFL, qu’il entend « miner de l’intérieur ». Comme ils refusent, Foster prend ses distances avec le syndicat, qu’il critique de plus en plus violemment, l’accusant d’affaiblir le mouvement ouvrier, puis fonde la Trade Union Education League pour rejoindre l’AFL après la guerre. Ses succès considérables dans les industries de la conserve et la sidérurgie au sein de l’AFL en 1918-1919 lui font croire au bien fondé de sa stratégie, mais les dirigeants du syndicat d’affaires saboteront rapidement son travail. Il quitte alors l’AFL, et participe à la création du Parti communiste étasunien en 1921, dont il sera le secrétaire général et le candidat à plusieurs élections présidentielles. Il meurt à Moscou en 1961.
Chapitres associés : [1] [2] [3]
Retour au menu de l'indexFondé en 1903 à Minneapolis par l’Eglise Finlandaise d’Amérique, afin de délivrer une éducation gratuite aux travailleurs d’origine finlandaise (cours d’anglais, etc.), le Work People’s College est rebaptisé ainsi après son déménagement à Smithville, près de Duluth dans le Minnesota, et l’orientation socialiste radicale prise par sa direction en 1908, affiliant l’école à la fédération socialiste finlandaise. L’école devient finalement 100% wobbly en 1914, qu’elle restera jusqu’à sa dernière classe en 1940. Le fonds sera vendu en 1962. Accueillant 150 élèves à son apogée dans les années 1910, l’école joua un rôle important dans la formation de nombreux cadres du syndicalisme industriel et devint une institution pour le mouvement ouvrier aux États-Unis, particulièrement pour la main-d’œuvre immigrée, s’ouvrant par ailleurs en 1921 à tous les travailleurs de langue anglaise avec sa reconnaissance officielle par l’IWW.
Chapitres associés : [1] [2] [3] [4] [5] [6] [7] [8]
Retour au menu de l'index