Bonnes feuilles

I. Joe Hill et son syndicat

1. L’ABC de l’IWW : un syndicalisme industriel révolutionnaire

Le barde wobbly ne fût membre de l’IWW que pendant les cinq à six dernières années de sa vie. Cette période relativement brève a pourtant fait d’un immigré suédois et hobo anonyme cet homme que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de Joe Hill. Si, comme le disent les anciens, on peut juger un homme à ses fréquentations, il est alors essentiel de comprendre ce syndicat qu’il accompagna et, surtout, qui fit de lui ce qu’il fut et ce qu’il est. Quiconque étudie l’histoire ouvrière des États-Unis sait que les Industrial Workers of the World (Travailleurs industriels du monde, communément (…) Lire la suite

2. L’histoire controversée de l’IWW

La théorie et la pratique de l’IWW — son syndicalisme industriel révolutionnaire, l’action directe et son attachement au « lieu de travail », ses efforts pour organiser « un seul syndicat de tous les travailleurs », ses sections syndicales grandes ouvertes (les sections mixtes, mixed locals) et sa culture d’opposition diverse et variée — sont regardées généralement avec condescendance et incompréhension par les historiens académiques, beaucoup d’entre eux ne faisant que reprendre à leur compte l’hostilité des premiers critiques politiques et des rivaux du syndicat. Comme on sait, (…) Lire la suite

3. La contribution hobo à la théorie critique et les origines de la contre-culture wobbly

Les « -ismes » et autres déclinaisons idéologiques ont rarement préoccupé les IWW : les termes « IWW » et, depuis 1913 environ, « wobbly » leur suffisaient largement. Ils chantaient La Barbe de Karl Marx faisait quarante centimètres de long en réponse aux arguties notoires de tant de sectateurs « marxistes ». Mais les plus inspirés et prolifiques penseurs ou pamphlétaires wobbly — Thomas J. Hagerty, Vincent St. John, William Trautmann, Mary E. Marcy, Ben H. Williams, Walker C. Smith, Big Bill Haywood, Covington Hall, James P. Thompson, J. T. « Red » Doran, Elizabeth Gurley Flynn, E. W. (…) Lire la suite

4. Joe Hill : problèmes d’une biographie

Plus qu’aucun autre membre de l’IWW, et même de tout le mouvement ouvrier américain, Joe Hill est entré dans la culture générale populaire américaine, voire dans la culture populaire mondiale. Des millions de personnes incapables de nommer un autre wobbly savent au moins quelque chose du troubadour IWW, le poète martyr, « l’homme qui n’est jamais mort ». Comme pour d’autres véritables hoboes, les données biographiques sur Hill sont cependant désespérément maigres. Les tendances à l’anonymat et à la réserve sont des traits communs à tous ceux qui vivent en grande partie « sur la route ». (…) Lire la suite

5. « Né sur une planète appelée la Terre » — abrégé de la vie d’un wobbly vagabond

Au cours de leurs dernières années, les meilleurs amis de Joe Hill — tous wobblies — avaient tendance à regretter de ne pas en savoir plus sur sa vie. Ils connaissaient l’homme : ils avaient travaillé avec lui, parlé avec lui, écouté sa musique, chanté ses chansons, ri de ses dessins, mangé avec lui, vagabondé avec lui, lutté avec lui, créché avec lui. Et ils connaissaient sa personnalité, savaient quel genre d’homme il était : sa dévotion à la cause IWW, son esprit de solidarité, son sens de l’humour, son courage, sa modestie et sa bonté naturelle. Ils se portaient garants de l’homme pour (…) Lire la suite

6. Ester Dahl, la soeur de Joe Hill

Ester Hägglund avait seulement quinze ans lorsque ses frères Paul et Joel émigrèrent aux États-Unis ; elle ne les revit jamais. Bien qu’elle reçût quelques lettres et cartes de Noël de ses frères, elle savait peu de choses de leur vie dans le Nouveau Monde. La nouvelle de l’exécution de Joel Hägglund ne lui parvint que longtemps après les faits. Il lui fallut attendre encore des années avant d’apprendre qui était Joe Hill, poète IWW et songwriter. Dans ses dernières années, cependant, Ester Dahl (elle épousa Ingebrikt Dahl en 1908) se révéla être d’une aide inestimable aux historiens (…) Lire la suite