Les chansons et les dessins de Joe Hill traitent les rapports de classe avec une franchise éclatante, aussi directe que frappante. Il a clairement choisi son camp dans la grande lutte entre le prolétariat et le patronat. Mais quelle était sa position sur les discriminations raciales ?
Historiquement, l’IWW s’est engagé sur la question dès le premier jour. Dans son discours inaugural au congrès fondateur de 1905, Big Bill Haywood souligna que le soi-disant représentant du mouvement ouvrier, l’American Federation of Labor, ne pouvait pas représenter la classe ouvrière parce qu’il excluait (…)
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Le simple fait que Joe Hill ait pu s’affirmer antiraciste — en solidarité avec tous les opprimés — est déjà en soi remarquable, eu égard à l’idéologie raciste ordinaire des États-Unis au début du XXe siècle, qui réservait aux immigrés des conditions de vie dégradantes. Il en dit beaucoup sur son intégrité et son esprit anticonformiste, comme sur le syndicat qui donna forme à sa vie.
Mais les Industrial Workers of the World, ces éternels et héroïques pourfendeurs de conventions, n’étaient pas eux-mêmes à l’abri de tous les préjugés de leur temps. Le racisme, par son caractère (…)
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Les socialistes et communistes aux États-Unis ont très tôt produit une abondante littérature sur une quantité impressionnante de sujets, dans des domaines aussi variés que l’histoire, l’économie, la politique et la culture américaines. Ils furent particulièrement prolifiques sur les révolutions et périodes prérévolutionnaires en Russie, Allemagne, Chine et ailleurs.
Il est pourtant un sujet — les peuples indigènes d’Amérique du Nord — sur lequel ils n’avaient, semble-t-il, rien à dire. Les nombreux théoriciens et propagandistes des partis socialiste et communiste l’ont également ignoré (…)
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Acquérir des certitudes sur les positions de Joe Hill à l’égard de questions sociales précises s’avère décourageant, puisqu’on ne dispose en la matière que de très peu d’éléments : ses chansons et dessins, une poignée de lettres et autres écrits dispersés, quelques commentaires de proches et d’amis. Et c’est tout. Mais un petit détail peut parfois se révéler particulièrement fructueux.
Aussi étrange que cela puisse paraître, le goût de Hill pour la cuisine chinoise, son habileté avec des baguettes et le fait qu’il ait été « très apprécié [...] pour sa merveilleuse cuisine chinoise », (…)
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B. A. Botkin, archiviste de l’American Folk Song à la bibliothèque du Congrès, est l’auteur de l’imposant livre (de presque mille pages) Treasury of American Folklore, paru en 1944. Produit en temps de guerre, l’ouvrage met en exergue patriotique le mythe de la « démocratie » et de l’« égalité » américaines. Non sans embarras, Botkin se voit cependant obligé de reconnaître « la malignité inhérente à beaucoup de héros, histoires et expressions populaires américaines, particulièrement dans leur traitement des minorités — Indiens, Noirs, Mexicains, Chinois, etc. ».
Authentique héros (…)
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On ne sait rien des éventuelles connaissances afro-américaines de Joe Hill. En tant que hobo, il partageait sans doute l’égalitarisme et l’antiracisme qui régnaient dans ce milieu, a fortiori chez les hoboes arborant la carte rouge. Relatant sa propre expérience sur les routes au cours de la seconde moitié des années 1910, le romancier afro-américain Georges S. Schuyler releva qu’il n’y avait « aucune discrimination dans les jungles IWW. L’écrivain avait vu un Blanc hobo, méprisé par la société, partager son dernier bout de pain avec un compagnon hobo noir » [Philip Foner, Organized Labor (…)
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