Bien longtemps après que l’IWW eut cessé de compter dans le monde du travail, sa réputation de « syndicat chantant » restait inébranlable, et elle reste intacte aujourd’hui. Qu’aucune autre organisation syndicale ne soit parvenue, ces cent dernières années, à concurrencer l’IWW sur ce terrain est en soi une preuve suffisamment éloquente de la stagnation et de la déliquescence, aux États-Unis, du mouvement ouvrier officiel.
Le penchant IWW pour la chanson attira très tôt l’attention des journalistes et même quelque intérêt de la part des universitaires. Dans un entretien accordé à un (…)
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Si la révolution sociale était dans l’air aux États-Unis pendant les années 1910 et le début des années 1920, la révolution culturelle connut plus de réussite. Et l’IWW se trouvait alors en pointe dans les deux domaines.
La recherche de la nouveauté — en poésie, dans les arts, en politique et dans la vie même — impliquait une perspective radicalement négative de l’ordre établi : une rupture profonde non seulement avec l’éthique protestante du travail et autres valeurs puritaines, mais aussi avec toutes les formes de propriété de la classe moyenne. Pour beaucoup d’artistes et (…)
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En temps « normal », la plupart des écrivains, artistes et autres intellectuels ont tendance à ignorer la classe ouvrière et ses luttes, sinon pour la plaindre ou la dénigrer. Le fait qu’une grande partie de l’intelligentsia d’avant-garde — peintres, poètes, dramaturges ou musiciens — ait admiré ouvertement l’IWW au cours des années 1910-1920, qu’elle l’ait soutenu ou qu’elle en ait été l’alliée, nous en dit autant sur la nature extraordinaire de cette ère révolutionnaire qu’il nous éclaire sur la singularité de l’IWW. Pour la première fois dans l’histoire des États-Unis, un nombre non (…)
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La chanson avait donc chez les wobblies une place centrale pour la diffusion, la pratique et la poursuite de la poésie et du savoir. Mais ils usaient aussi d’autres moyens pour stimuler l’imagination de la classe ouvrière. Pendant les rassemblements de grève IWW, les manifestations de rue, les pique-niques, et en toutes les occasions, les chansons, la poésie et le théâtre se doublaient toujours de soapboxing et de narrations. Les spécialistes de ces deux derniers arts tâchaient d’associer l’exposition sérieuse de théories économiques à des fables, anecdotes, petits contes, énigmes et (…)
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Joe Hill reprenant Mr Block, la bande dessinée d’Ernest Riebe, en chanson ; le créateur de Mr Block adaptant Everybody’s Joining It de Joe Hill ; Joe Hill réécrivant le couplet de Richard Brazier sur « cette bonne crème [...] qui nous attend là-haut » ; Dick Brazier ajoutant (anonymement) une strophe finale au The Tramp de Joe Hill ; Hazel Dickens réécrivant The Rebel Girl ; Arturo Machia modifiant les dessins de couverture de Joe Hill pour The Rebel Girl ; les dessins « suggérés par Joe Hill » et réalisés par d’autres : autant d’exemples divers d’un effort collectif qui soulignent non (…)
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