Bonnes feuilles

XV. Contre-culture wobbly et surréalisme vernaculaire

2. Ralph Chaplin, frère du vent sauvage

Les affinités de Ralph Chaplin avec le surréalisme sont infinitésimales et fugitives, mais l’importance de son rôle dans le développement de la poésie wobbly justifie plus qu’une courte analyse de son œuvre sous un angle surréaliste. Aucun autre poète IWW, à l’exception peut-être d’Arturo Giovannitti, n’a joui d’un tel prestige en tant que poète lyrique, prestige qui ne se limitait pas à l’IWW mais s’étendait au « milieu de la poésie », et même parmi les critiques. Chaplin était également un remarquable songwriter, pamphlétaire, dessinateur, lettreur, créateur de couvertures de livres, (…) Lire la suite

3. Arturo Giovannitti : contre le silence, la mort et la peur

Helen Keller, dans son introduction au premier recueil de poèmes d’Arturo Giovannitti, Arrows in Gale (Flèches au vent - 1914), le dit « meilleur poète que tous ceux qui ont pu sortir des classes privilégiées américaines contemporaines », tout en le distinguant comme « un poète sans équivalent ». Elle compara toutefois sa poésie à celles de Virgile, Dante, Shakespeare, Shelley et des prophéties d’Isaïe. En réalité, Giovannitti se rapprocherait plus de ses contemporains Guillaume Apollinaire, Vladimir Maïakovski et Federico Garcia Lorca, bien qu’il en diffère autant que ces derniers (…) Lire la suite

4. Laura Tanne : des semelles de vent pour sortir des ténèbres

Laura Tanne tient une place remarquable dans la poésie IWW, et représente à tout point de vue une des plus belles voix du syndicat. Son imagination sauvage, merveilleuse et enchanteresse, son humour noir prolétarien amer et bouillonnant la distinguent de tous les autres poètes américains de son temps — hors ou à l’intérieur du Grand Syndicat Unique. Malheureusement, on ne sait rien de ce poète véritablement extraordinaire. Comparée à Laura Tanne, la documentation biographique sur Joe Hill est immense. Je n’ai retrouvé son nom dans aucun ouvrage consacré aux IWW, ni aucun mémoire de (…) Lire la suite

5. Covington Hall : voir l’invisible dans le visible

Clarence John Laughlin, le grand photographe néo-orléanais, se définissait souvent comme un romantique extrême, mais il se plaisait également à souligner que dans certains cas (le sien, en l’occurence), le romantisme extrême penchait vers le surréalisme, ou du moins vers quelque chose approchant de « très près » le surréalisme. Covington Hall, concitoyen et contemporain de Laughlin, est une autre illustration fascinante de cette évolution. Même d’après les standards wobbly, Covington Hall était un excentrique bien barré. Une sorte d’anarchiste qui trouvait beaucoup à admirer chez Lénine (…) Lire la suite